Accueil » Informations » Objectif : performance dans les marchés publics

Le ministre Abba Sadou a présidé mardi dernier à Yaoundé, une réunion au cours de laquelle il a insisté sur la responsabilité des acteurs.

Mardi dernier à l’amphi 150 de l’Ecole nationale supérieure des Travaux publics à Yaoundé, entre Abba Sadou, ministre délégué à la présidence chargé des Marchés publics et les différents acteurs du processus, c’était un échange à cœur ouvert. Pas de discours, mais une interaction dépouillée mutuellement et bénéfique. En plantant le décor, le ministre a rappelé un contexte favorable pour le bon déroulement des activités de passation des marchés publics en 2017: mise à disposition tôt des journaux des projets ; programmation de ces marchés ; budget exécutoire depuis le 1er janvier. « Il faudrait qu’au finish, les fruits tiennent la promesse des fleurs », a semblé mettre en garde Abba Sadou. Et en rappelant que la balle est dans le camp des maîtres d’ouvrage et des présidents des commissions de passation des marchés, le ministre a été clair : il s’agit de faire gagner quelques points de croissance au Cameroun engagé sur la route de son développement. Les acteurs ont été invités à jouer leurs rôles en agissant sur les manettes de la célérité et de la gouvernance, combats permanents dans les méandres de la passation et de l’exécution des marchés publics au Cameroun.
Des échéances ont été fixées. Fin janvier pour le lancement des appels d’offres et au plus tard en avril pour la signature de tous les marchés, puis, le reste de l’année pour les prestations. Sur les 7 000 marchés escomptés, 4 300 ont déjà été programmés. Mais on redoute les lourdeurs dans la transmission des dossiers d’appels d’offres (DAO). Un goulot d’étranglement qui perd du temps et parfois conduit à la mauvaise exécution de la commande. L’immaturité des projets est l’autre gros péché. Source des revendications liées aux indemnisations, elle entrave la libération des sites.
Le ministre Abba Sadou brandissait à ses interlocuteurs, le bâton et la carotte. Il a rappelé la responsabilité des maîtres d’ouvrage et des commissions de passation des marchés dans la bonne ou la mauvaise exécution de la commande publique. Ils sont au cœur du processus et doivent veiller sur la qualité des dossiers. Plus les DAO sont bons, mieux les marchés sont réalisés. Plus ils sont mauvais, plus il y a des rejets. Toutes choses qui font traîner en longueur et conduisent vers des offres infructueuses si ce n’est l’abandon des chantiers.
Dans la phase interactive, les problèmes divers ont été soulevés : l’accumulation des arriérés de paiements des prestataires, la légèreté dans l’examen des DAO, des cas de faux profils des prestataires, etc. Abba Sadou a rappelé que des mesures sont prises pour privilégier les meilleurs. Par exemple, les mauvais prestataires seront identifiés et discriminés. Il a annoncé des avancées dans la passation des marchés au Cameroun, avec la perspective des passations en ligne. Cameroon On Line Procurment System (Coleps) sera bientôt une réalité. Une convention a été signée, à cet effet, avec la Corée du Sud et à ce jour la première phase est terminée. Les prestataires peuvent désormais télécharger les offres en ligne. Les autres étapes seront progressives.

« Nous voulons classer les prestataires »

Abba Sadou, ministre délégué à la présidence chargé des Marchés publics.

Monsieur le ministre, vous avez convié les acteurs des passations de marchés publics pour les mettre face à leurs responsabilités. Avez-vous des craintes par rapport à ce sujet ?
Il est davantage question de tirer le meilleur parti d’un contexte particulièrement favorable. S’agissant de la commande publique, en cette année 2017, le ministre de l’Economie, de la planification et de l’Aménagement du territoire a mis à disposition à temps les journaux des projets. C’est fondamental pour les marchés publics, car c’est sur la base de ces journaux que s’effectue la programmation de la passation des marchés, c’est-à-dire le recensement de l’ensemble des marchés à passer par tous les maîtres d’ouvrage. Cette programmation a déjà eu lieu depuis mi-décembre. Depuis le 1er janvier, le budget 2017 est exécutoire. Dès lors, les maîtres d’ouvrage peuvent d’ores et déjà introduire leurs dossiers d’appels d’offres auprès des commissions de passation des marchés pour la contractualisation de ces marchés. Comme le délai technique du cycle d’un marché est de 70 jours, cela veut dire que dans un peu plus de deux mois, tous les marchés peuvent être signés. Si vers le mois de mars et au plus tard en avril, tous les marchés sont signés, les huit autres mois seront consacrés à l’exécution. Le Cameroun gagnerait en termes de croissance et de développement. Voilà ce que recherche la concertation que j’ai initiée hier. J’ai insisté auprès des maîtres d’ouvrage, à travers leurs représentants que sont les chefs de cellules des marchés publics, les organes d’appui qui les accompagnent pour leur dire que la balle est dans leur camp. Nous avons pris rendez-vous à la fin du mois de janvier pour constater que les appels d’offres sont effectivement lancés et qu’au plus tard en avril, on aura signé les 7 000 marchés escomptés.
L’incompétence des entreprises constitue l’un des grands freins à la qualité de l’exécution des marchés. Pourquoi d’année en année, ce problème demeure-t-il récurrent?
Nous avons mis en place une stratégie pour lutter contre les entreprises incompétentes. Il est inadmissible qu’une société abandonne un marché, postule et obtienne d’autres l’année suivante. Nous sommes en train de lutter énergiquement contre ce phénomène. Nous avons instruit que nous soit remontée, région par région, la situation des marchés passés sur l’ensemble du territoire. Notre objectif, c’est de classer les prestataires. Les entreprises qui ont bien fait le travail seront identifiées et nos critères sont la qualité du travail et le respect des délais. Nous leur renouvellerons notre confiance. Dans les DAO, nous introduirons la condition suivante : « Une entreprise ne peut être éligible que si précédemment, elle n’a pas abandonné un marché ». Voilà l’un des moyens pour éjecter du circuit les entreprises incompétentes qui reviennent année après année. Celles qui seront reconnues mauvais prestataires n’auront qu’à s’en prendre à elles-mêmes

L’anathème est jeté sur les entreprises dont les prestations ne sont pas toujours payées…
La responsabilité des entreprises qui ne sont pas payées n’incombe pas directement au ministère des Marchés publics même si ce dernier est chargé de son bon fonctionnement. Il ne peut y avoir de bon fonctionnement si les maitres d’ouvrage n’honorent pas le paiement des entreprises qui exécutent. Le devoir des entreprises c’est exécuter la prestation telles qu’elle a été décrite. Ces prestataires ont le droit d’être payés selon le montant arrêté. Il n’y aura jamais de bon fonctionnement si l’une des parties ne joue pas bien son rôle. Certaines entreprises sont mêmes à genoux du fait d’accumulation de factures impayées. Nous allons nous y attaquer en interpellant les maîtres d’ouvrage.